
Mince, je croyais tout savoir sur les gens avec qui je vis tous les jours. Mais chaque jour, je découvre toujours du nouveau. Et surtout j’apprends et je comprends comment certains sont parfois prêts à tuer tous les membres de leur famille pour justifier leur absence de leur poste.
L’autre jour, je devais régler des problèmes dans un service public. Pour ne pas mordre sur mon temps de travail, parce que je suis employé consciencieux, je suis allé très tôt, dans l’espoir de ne pas perdre du temps. Peine perdue.
La première personne que j’ai croisée, c’était un vigile. Lui au moins, il était à son poste et à l’heure. Il m’a indiqué un bureau où je suis allé tourner en rond sans rencontrer le moindre chat à fouetter. Toutes les portes étaient fermées à clé et aucun agent ne planait dans les couloirs pour me renseigner au moins. Je suis revenu au sacré vigile qui m’a dit d’aller voir dans l’autre bâtiment.
Là, surprise, tous les agents étaient regroupés dans un coin en train de placoter alors qu’il était presque 9 heures.
En fait, c’est seulement lorsque les plus assidus arrivent à 8 heures que les dames de ménage commencent à nettoyer leurs bureaux. Pendant ce temps, il n’y a rien à faire, la Fonction publique de ce pays reste suspendue en l’air. Là-bas, on s’en fout du dicton anglais «time is money», «le temps, c’est de l’argent». Et pourtant, c’était un service des impôts. Et eux, ils mettent près d’une heure à ne rien foutre.
Comment voulez-vous que je trime pour trouver les sous nécessaires pour m’acquitter de ma TUV (Taxe Unique sur les Véhicules autrement dit vignette) si celui qui doit l’encaisser, lui, s’en fout de mon temps ! J’avais envie de donner un bon coup de pied au cul de chacune et de chacun de ces agents qui bavardaient sur le balcon. Si je ne l’ai pas fait, c’est simplement pour ne pas me faire remarquer. Et pourtant, ces enfoirés-là le méritaient bien.
Malheureusement, j’avais besoin de payer cette vignette pour avoir droit à la circulation. Sinon, rien que le coût d’une année de vignette vaut toute une caisse de Guiluxe. Et lorsque je me retrouve aussi matinalement devant des fainéants de fonctionnaires, cela réveille en moi la révolte, mais aussi l’envie d’aller m’envoyer une bonne bière transpirante à Pyabounyi chez Lotty pour retrouver ma sérénité pour le reste de la journée. Après toutes ces souffrances, un fonctionnaire m’apprend que je dois payer ma vignette par Orange Money. Je lui ai dit d’aller voir chez Mustapha Mamy Diaby si j’y suis. ‘’On a beaucoup souffrance dans ce pays’’.