Le chef du Front Polisario Mohamed Abdelaziz, décédé mardi « des suites d’une longue maladie », était un dirigeant historique du mouvement qui lutte depuis 40 ans pour l’indépendance du Sahara occidental.
Président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD, proclamée par le Polisario), cet homme du désert incarnait « l’engagement sincère et ferme pour la libération » du territoire annexé en 1975 par le Maroc, a salué son compagnon Mohamed Keddad.
Il doit, selon des dirigeants sahraouis, être enterré dans ce que le Polisario appelle les « territoires libérés », situés derrière le mur de défense érigé par le Maroc.
Issu de la tribu des Reguibat, l’une des trois grandes tribus sahraouies, Mohamed Abdelaziz est né en août 1948 selon l’agence algérienne APS. Son lieu de naissance reste imprécis: Marrakech (sud du Maroc) selon les sources marocaines, Smara (Sahara occidental), selon l’agence APS.
Abdelaziz, présenté au Maroc comme un homme ayant « trahi sa patrie », partageait totalement la vie des combattants ou des réfugiés sahraouis dans les camps de la région de Tindouf, dans l’extrême sud-ouest algérien.
Il a fait ses études primaires et secondaires dans le sud marocain, où ses parents se sont installés au milieu des années 1950. Son père fut sous-officer de l’armée royale marocaine.
A la fin des années 1960, il est à Rabat et Casablanca, où il rencontre les premiers militants nationalistes sahraouis, qui fréquentaient alors les universités marocaines. Dans ces milieux très activistes, il fait ses premières armes dans la politique, avant de passer à la lutte clandestine puis ouverte.
Aux côtés de Mustapha Sayed el-Ouali, il participe à la création du front Polisario en mai 1973, et en devient un des principaux chefs militaires.
Il organise les premiers raids contre les garnisons espagnoles et participe lui-même aux opérations et continuera de le faire pendant quelques années lorsqu’il deviendra le « numéro un » sahraoui, en 1976.
A la tête du Polisario, Abdelaziz abandonne progressivement l’anonymat militaire pour acquérir progressivement la stature d’homme d’Etat.
A la fin des années 1980, son mouvement comprend que la solution du conflit ne peut être militaire et exprime une volonté de paix. Une première rencontre entre le Polisario et le roi Hassan II concrétise cette volonté en janvier 1989.
En 1991, le Polisario a déposé les armes et attend, depuis, l’organisation d’un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU.
S’exprimant avec autant d’aisance en arabe, en français ou en espagnol, et bien sûr dans le dialecte sahraoui hassanya, Mohamed Abdelaziz arborait une barbe en forme de bouc et portait indifféremment la longue gandoura traditionnelle bleue qu’un costume occidental, mais sa préférence allait au treillis militaire, sans galon ni distinction.
— conakrylemag