Quand j’avais 25 ans, après être passé imam des étudiants, pasteur dans une église protestante de mon quartier, même si Mahomet et le charpentier, je veux dire Jésus, ne m’ont pas apparu, j’ai décidé de ne plus mentir.
C’est pourquoi, j’ose aujourd’hui, du haut de mon bonus d’âge que je consomme, vous dire que l’égoïsme a gagné du terrain, surtout au sein de la frange des nouveaux parvenus qui sablent le champagne à longueur de nuit, quand leurs propres géniteurs croupissent dans la crasse.
Généreux en public, surtout sous l’œil des caméras, des fortunés ou de vrais faux fortunés sont les plus pingres vis-à-vis de leurs proches. D’ailleurs, de nombreux généreux ostentatoires font simplement du «placement» politique dans l’espoir d’en tirer des dividendes tout aussi politiques.
Ça se traduit par des appréciations du genre «c’est une bonne initiative à saluer», ce qui, en d’autres termes, voudrait dire qu’il faut saluer l’initiateur de l’initiative. Qu’en Europe ou ailleurs le «chacun pour soi» ait longtemps pris le pas sur le sens du partage au point qu’on organise des opérations de levées de fonds ou de soupes populaires, on peut comprendre; mais ici, ce genre d’événementiel devait être une honte nationale car, si chacun s’occupait ne serait-ce que de son prochain, la misère aurait reculé.