Une enquête a été ouverte contre l’ex-ministre nigériane du Pétrole, Diezani Alison-Madueke, accusée d’avoir versé des millions de dollars à des membres de la commission électorale pour influencer le vote de la dernière présidentielle au Nigeria, a annoncé mardi à l’AFP un porte-parole de l’agence anti-corruption.
Mme Alison-Madueke était jusqu’à l’année dernière ministre du Pétrole dans le gouvernement de l’ancien président Goodluck Jonathan, battu à la présidentielle de mars 2015 par Muhammadu Buhari.
« Nous avons ouvert une enquête visant l’ex-ministre du Pétrole, Madame Alison-Madueke, accusée d’avoir versé des millions de dollars à des représentants de la Commission électorale du Nigeria (INEC) pour influencer le résultat de l’élection de 2015 », a déclaré à l’AFP Wilson Uwujaren, un porte-parole de la Commission contre les délits économiques et financiers (EFCC).
Selon plusieurs médias locaux, la Commission électorale du Nigeria (INEC) est accusée d’avoir reçu 115 millions de dollars (100 millions d’euros) provenant des revenus pétroliers pour tenter d’influencer le vote en faveur du Parti démocratique populaire (PDP) de M. Jonathan.
Plusieurs suspects par qui ces pots-de vin auraient transité ont été arrêtés, parmi lesquels de hauts responsables de l’INEC, des cadres d’une compagnie pétrolière locale et le patron d’une banque commerciale.
Les comptes bancaires des personnes impliquées dans cette affaire ont également été gelés, a précisé M. Uwujaren.
L’ex-ministre nigériane âgée de 55 ans a déjà été visée à plusieurs reprises par des accusations de corruption, qu’elle a toujours catégoriquement niées.
Elle était notamment en charge du secteur pétrolier lorsque la compagnie nationale de pétrole nigériane (NNPC) a été accusée de ne pas avoir reversé 20 milliards de dollars de revenus pétroliers à la banque centrale du pays.
En octobre 2015, elle avait aussi été arrêtée à Londres, où elle était soignée pour un cancer du sein, dans le cadre d’une enquête britannique sur des soupçons de corruption et de blanchiment à grande échelle. Son arrestation avait fait la Une des journaux au Nigeria.
L’ex-ministre est aussi accusée d’avoir dépensé des millions de dollars pour ses voyages en jet privé, alors que la grande majorité des Nigérians vivent sous le seuil de pauvreté.
L’actuel président Muhammadu Buhari, un ancien dirigeant militaire connu pour sa poigne de fer, a pris ses fonctions en mai 2015. Il a promis de mener une lutte acharnée contre la corruption endémique qui gangrène la première puissance économique d’Afrique, et de retrouver les sommes « astronomiques » dérobées par la classe dirigeante depuis des décennies.
— conakrylemag