Salut. Et les moustiques de chez Loly ? Accoudé au comptoir après une Guiluxe à l’arrière-goût amer, je me suis laissé plonger dans une cogitation intense sur ma situation économique lamentable.
Je ne savais même plus à quel saint me vouer. J’avais tellement attendu ce maudit prêt que j’avais sollicité auprès d’une banque de la place, il y a de cela un bon bout de temps. Pendant que je perdais tout espoir, mon phone me fit sursauter de ma somnolence. J’ai hésité un instant avant de décrocher, croyant que c’était un de ces enfoirés d’amis qui passent tout leur temps à me déranger.J’ai néanmoins répondu à l’appel.
À mon agréable surprise, c’était une de ces voix douces de banquière qui m’informait que je pouvais entrer en possession de mon pognon le jour suivant. Très bonne nouvelle ! J’ai commencé à siffloter quand soudain une inquiétude effleura mon esprit : Quel alibi faudrait-il trouver pour justifier mon absence le jour “J” auprès de mon psychorigide de patron ?
Mais comme le dit l’adage, le mensonge ne prend fin que lorsque la tête est coupée. J’eus donc subitement cette ingénieuse idée d’inventer une histoire très émotionnelle pour susciter la sympathie de mon boss. Je lui ai dit, avec la plus haute sérénité, que ma femme était hospitalisée, et que, par conséquent, je ne pourrais pas venir au service. C’était fabuleux : j’ai obtenu gracieusement l’indulgence du chef. Non sans être surpris.Ceci étant, j’ai enfourché ma vieille moto pour me rendre précipitamment à la banque. Mais mon engin m’a lâché au milieu du parcours. Rien à faire, je l’ai poussé et je me suis arrêté chez un mécanicien au coin de la rue.
Ayant la certitude que je me remplirai les poches ce jour-là, j’ai dit au mécano de changer les deux pneus usés de ma moto; et que je le paierai au retour du service. Il était d’accord. En attendant qu’il termine son job, je me suis installé confortablement dans un bar d’à côté pour m’offrir une Guiluxe bien tapée, histoire de «galacer» mon «ker», et de penser à comment je gèrerai mon fric.
Après réparation, je me suis rendu à la banque avec ma moto devenue toute pimpante.J’ai pris tant de temps à cause de cette panne que je suis allé trouver une foule immense. Il y avait devant chaque guichet une si longue file et il m’a fallu deux bonnes heures d’attente dans les rangs. Enfin arriva mon tour. Au moment précis où l’on introduisait mes références dans l’ordinateur, une coupure d’électricité est intervenue et a duré tout l’après-midi. Obligé de rentrer sans le sou, j’ai dû feinter le mécano.
Le plus dur était surtout de préparer un nouveau mensonge pour le lendemain. Tanatè ?