MODEL contre-attaque : « Libérez Aliou Bah et refusez une Constitution taillée pour Doumbouya »
La tension monte d’un cran dans le paysage politique guinéen. Alors que le projet de nouvelle Constitution divise et cristallise les inquiétudes, la voix du MODEL (Mouvement Démocratique Libéral) s’est faite entendre avec force à travers son vice-président, Elhadj Abdoulaye Amie Soumah. Dans une déclaration qui résonne comme un cri d’alarme, il dénonce à la fois l’emprisonnement de son président Aliou Bah et la dérive autoritaire que représenterait un texte ouvrant la voie à une candidature du général Mamadi Doumbouya.
« Aliou Bah est un prisonnier politique »
Pour Elhadj Abdoulaye Amie Soumah, il n’y a pas de doute : l’arrestation et la condamnation à deux ans de prison de son président ne relèvent pas de la justice mais d’un calcul politique. « Aliou Bah paie son engagement pour une véritable démocratie et son refus de se plier au CNRD », martèle-t-il. En ciblant ainsi le leader du MODEL, c’est un message clair qui est envoyé à toute l’opposition : se taire ou subir.
Cette situation illustre la criminalisation croissante de l’opinion politique en Guinée. Aliou Bah, connu pour son franc-parler et ses critiques acerbes du régime, est devenu le symbole d’une opposition qui refuse la compromission. Son incarcération fragilise le débat démocratique, mais elle renforce aussi, paradoxalement, son aura auprès d’une partie de la jeunesse guinéenne qui voit en lui un résistant.
Une Constitution comme arme politique ?
Le MODEL ne se contente pas de dénoncer l’injustice subie par son président. Il s’attaque également au cœur du processus en cours : le projet de Constitution que le CNRD s’apprête à soumettre au référendum en septembre. Pour Elhadj Abdoulaye Amie Soumah, il ne fait aucun doute que ce texte est calibré pour permettre au général Mamadi Doumbouya de se présenter à la présidentielle et de légitimer, par les urnes, une transition qui devait initialement durer 18 mois.
« On ne construit pas une démocratie sur la personnalisation du pouvoir. Ce projet n’est pas une Constitution pour la Guinée, c’est une Constitution pour Doumbouya », accuse le vice-président du MODEL. Derrière ces mots, une inquiétude profonde : voir se répéter le scénario déjà vécu sous Alpha Condé, où un texte fondamental devient un simple outil de prolongation d’un règne.
Le spectre d’une transition confisquée
Depuis des mois, les signaux se multiplient. Répression des manifestations, arrestations ciblées d’opposants, musèlement de la presse, calendrier électoral flou, et surtout, un projet de Constitution élaboré dans un huis clos contrôlé par la junte. Pour le MODEL, tout converge vers un seul objectif : verrouiller le pouvoir autour de Mamadi Doumbouya.
Ce qui inquiète, c’est que cette mécanique se met en place dans un silence assourdissant de la communauté internationale, fatiguée de la Guinée et focalisée sur d’autres crises régionales. Un silence qui laisse au CNRD une marge de manœuvre inquiétante.
Une mobilisation citoyenne en ligne de mire
Face à cette situation, Elhadj Abdoulaye Amie Soumah appelle à la mobilisation citoyenne. Pas seulement pour exiger la libération d’Aliou Bah, mais pour refuser un projet de Constitution qu’il qualifie de « funeste ». Selon lui, il est urgent que les Guinéens comprennent les enjeux réels du référendum : « Ce n’est pas un simple texte de loi. C’est l’avenir politique du pays pour les prochaines décennies qui se joue. Si ce projet passe tel quel, nous entrerons dans un nouveau cycle de présidence autoritaire. »
Le MODEL plaide pour un retour à un processus inclusif, où tous les acteurs politiques, y compris ceux aujourd’hui réprimés, participeraient à l’élaboration d’une véritable Constitution citoyenne.
Aliou Bah, symbole malgré lui ?
Ironie du sort, en cherchant à neutraliser Aliou Bah, le pouvoir pourrait bien avoir contribué à le transformer en figure centrale de la résistance démocratique. À travers lui, c’est tout un courant politique qui se structure, refusant la logique d’accommodement avec la junte. Si la mobilisation autour de sa détention prend de l’ampleur, elle pourrait devenir l’étincelle d’un mouvement plus large contre la confiscation de la transition.MODEL dans l’opposition ?
— conakrylemag




