Tiens, je me demande comment je fais pour être aussi pauvre chaque fin du mois. J’ai refait mes comptes. J’ai remis tout à plat avec autant de méthodes qu’un enfoiré d’expert du FMI. Je voulais savoir exactement où partait mon pognon.
Le résultat est effrayant. Mon gombo part en liquide : dans mon estomac sous forme de Guiluxe et dans ma moto sous forme d’essence. A nous deux, ma moto et moi, nous sifflons 70% de l’argent du ménage. Quand je ne suis pas au maquis, je suis à la station-service. Ma moto et moi, on se ressemble, finalement.
Il ne fonctionne pas à l’eau claire et moi je ne bois de la flotte qu’en cas de force majeure. En apprenant que le prix du carburant avait encore augmenté, j’ai par exemple avalé un grand verre d’eau pour faire passer quatre paracétamols.
C’est catastrophique. Partout, le litre d’essence dépasse les huit mille balles! Trois petits litres de minable essence valent un poulet !
Et je me retrouve donc, une nouvelle fois, devant un choix compliqué.
Continuer à boire de la Guiluxe ou filer mon engin ? Je retourne le problème dans tous les sens. Marcher sous le soleil ou arrêter la bière ?
Dans le journal de cette semaine, j’ai cru voir un instant la lumière : un journaliste proposait une solution pour lutter contre l’augmentation du prix du carburant. Il fallait, disait-il, revenir « au vélo ou aux patins à roulettes ».
Facile, on voit que c’est pas lui qui pédale. Enfin, faute de mieux, je suis d’accord pour le vélo… mais seulement si tout le monde roule à bicyclette. Si ce n’est pas le cas, on n’est pas à armes égales et je n’ai pas envie de servir de ballon de foot à tous ces putains de Pajero qui traversent la ville en roulant comme des dingues.
Pour les patins à roulettes, c’est plus clair : jamais ! Faut pas rigoler ! Le type qui, dans ce pays, essaiera de traverser son carrefour défoncé sur des patins à roulettes sera au mieux la risée de son quartier ou au pire amputé d’une jambe à Ignace-Deen.