Il faut le reconnaître, le syncrétisme n’est pas que religieux en Afrique ! Il ne faut pas aller loin par exemple, pour chercher ce qui (entre autres) plombe d’une certaine manière, le fonctionnement républicain des services et des institutions dans certains pays. Il est dans le for intérieur de nombreuses personnes. Il est dans leur vision du monde. Il est dans leur culture.
Dans presque toutes les langues africaines, le mot « chef » est synonyme de « roi ». Or un roi sans attributs n’est pas un roi. Par conséquence, à moins d’être issus d’une communauté acéphale, rares sont ceux qui comprendraient qu’une personne promue responsable, donc « chef » (au plan politique ou administratif) ne bénéficie pas, un tant soit peu, de ce qui socialement le met au-dessus des autres et qui fait de lui un « chef » !
Consciemment ou inconsciemment des citoyens transposent, ou plutôt superposent , leur vision traditionnelle du monde sur l’architecture d’un Etat moderne. Pire, ils admettent même que le pouvoir sans l’abus perd son charme !
Dans ce contexte, les responsables administratifs ou politiques qui restent des serviteurs, rien que des serviteurs vertueux, deviennent inauthentiques dans un monde qui leur offre un blanc-seing pour jouir des prérogatives culturellement admises. On les taxe même d’empêcheurs de tourner en rond, voire…de dangers pour le « système » !
Le challenge, c’est donc de parvenir à un changement de mentalité, afin de rendre aphones les sirènes dont les chants prédisposent aux abus d’autorité de toutes natures, pour faire du service public un sacerdoce !
— conakrylemag