
Les symboles font plus des dégâts que les actes en eux-mêmes. Moi qui suis pour la démocratie, l’État de droit, la liberté individuelle et collective, la bonne gouvernance et la justice sociale, ce qui me préoccupe avec les accoutrements, les parades militaires et l’exhibition de façon ostensible d’armes de guerres du Colonel Doumbouya et ses sofas, c’est l’impact de ces images sur nos jeunes enfants de moins de 15 ans.
La République de Guinée, notre pays, est indépendante depuis 1958. Comment peuvent-ils comprendre, comment vont-ils concevoir la conquête et la gestion du pouvoir en regardant avec plus de peur que de fascination, le Président de la République de leur pays, déplacé des unités, des bataillons pour ne pas dire, un camp militaire entier pour assurer sa sécurité lors d’un simple événement caritatif qui mobilise les citoyens de son pays.
J’ai envie d’être dans la tête d’un gamin de 10 à 14 ans assistant à ces types de démonstrations de puissance, de force de la part de celui qui devrait être plutôt, adulé que craint, de la part de celui qui devrait être plutôt, serein qu’angoissé.
Comment cet enfant va comprendre la notion du droit, de liberté, de justice, de la démocratie, du vote avec le principe un homme, une voix ?
Que va-t-il retenir en matière de conquête et de gestion du pouvoir. Va-t-il croire aux valeurs et la puissance de la démocratie, des urnes et du vote citoyen ou à la puissance des hommes, des armes au détriment des institutions et de la démocratie ?
Ces questions me hantent à chaque fois que je vois notre Colonel entouré par ses sofas comme les abeilles seuls savent entourer leur reine.
Heureusement qu’il est grand de taille, si non, le manque d’oxygène allait plus le menacer que ses potentiels ennemis.
La démocratie, l’État de droit, l’administration et la gestion civilisée de notre pays que nous voulons promouvoir auprès de la génération montante afin qu’elle en fasse une culture, souffrent de ces images traumatisantes d’un autre âge.
Les jeunes devraient naître et grandir dans un environnement où la conquête du pouvoir se fait de façon saine, démocratique et civilisée à travers les urnes avec le principe, un homme, une voix.
Miser sur un coup d’État militaire pour prétendre faire avancer la démocratie, c’est miser sur la saison sèche pour lancer la semence de son champ; c’est une chimère.
Sow Boubacar, Switzerland 🇨🇭
— conakrylemag