Papier d’un retour/détour au pays fatal
Je ne suis pas Césaire. Je n’ai pas choisi ces aires. Bien qu’ayant un peu de sa révolte. Un peu poète. Un peu comme lui aussi. Nous ne venons des mêmes pays. Un détour au pays, fatal. C’est pourquoi, ça fait ce que ça fait…mais y en a qui ne veulent plus revenir. Parce que dans ce pays, les retours sont souvent étriqués. Les esprits brillants décriés.
Par exemple, moi je ne demande qu’une classe et un salaire décent (awa Abawe, c’est là-bas.) mais je peine à en trouver. Ils disent: « c’est métier noble » mais impossible d’anoblir les enseignants. Malgré une expérience et des compétences. Mais les compétents ici peuvent attendre tant que ça sent partout les pets des con-pétant. C’est comme ça. Et tout le monde est d’accord. On n’a même pas démissionné. On n’agit plus. C’est triste. Pays des médiocres applaudis par des affamés opportunistes. Comment est-ce qu’on va avancer ? Si ceux qui marchent, on les endommage les pieds et ceux qui courent, on freine leur course.
Ce n’est plus des bâtons dans des roues. C’est même sans roues. Ils ont volé roues même. Et ils se plaignent. Comme un roux qui se plaint d’une rousse. C’est l’escargot qui se moque du gombo. C’est tombeau qui se veut beau. C’est Tombo qui a enterré le bon kilowatt d’électricité. C’est travailleur d’EDG qui vole carburant. C’est Château d’Eau qui pleure de manque d’eau. Ils ont vidé le château. Les cuves sont vides. C’est scandale géologique qui crie de pauvreté. Et c’est ici on te parle d’amour du pays. Tu aimes le pays, lui fait son faro. Tu l’aimes, lui aime un autre. Tu l’aimes parce que tu peux prendre en charge la popote et tous ses besoins mais lui préfère un clown qui a son temps et qu’il peut manier à volonté. Il chante l’hymne comme pour draguer le pays. Son amour est momentané. Son affection dépend de son érection. Le pays se fait avoir.
Je dis hein…patriote de mes deux. Laissez-moi ! Ici patriote veut dire autre chose. Le dico même est étonné. Larousse a été remplacé par Labrousse. On a dépassé les français en noms de famille bizarre. M. Labrousse va redéfinir tout tant qu’il a plein la bouche. Le Larousse de poche ou de table peut se reposer. Y a des nouveaux savants qui conceptualisent tout dans pays-là. Même les peines ils conceptualisent. Ils raisonnent tout. Même les morts, ils jugent. Abawe ! Donc, revenons à par-tri-ôte ! Pour eux, aime son pays celui qui ne revendique point. Désormais, je refuse d’aimer. Parce que c’est de l’amour forcé.
D’ailleurs quand ils disent « pays » ces cireurs de moukke et bouffeurs de chaussettes usés, ils ne disent pas pays. Ils disent autre chose. Peut-être parlent-ils du goût-bernement dans lequel ils ont des parrains. Sûrement hein ! Le parrain a toujours raison. Même son tort est bon. Bon, si tu veux gagne des diplômes et des compétences. On s’en fout. Tant que les con-pètent il n’y aura pas de compètes. On a même fabriqué une citation farfelue pour décourager les bosseurs. « Le premier de l’école n’est pas le premier de la vie. » Certains diront et c’est vrai. Je dis oui, dans vos têtes. Un avis pondu par un mec qui fait l’école buissonnière, un aigri. Je ne critique pas l’école de la vie…mais l’école aussi est importante. Il ne faut pas que quelqu’un passe plus de 10 ans à l’école et qu’un autre le sort aussi facilement « l’avenir n’est pas collé que les bancs. » Ah ! Il est donc dans la rue.
Allons donc errer pour l’embrasser ! Ou bien, vous partez ailleurs, vous étudiez bien. Vous revenez. Et hop, on ne veut pas de vous. On voudrait que vous marchandiez pour avoir un poste. Que vous fassiez le griot pour untel. Abawe ! Ça tant, je refuse. Ce pays, le retour n’est pas aisé. Après, c’est pour cirer et insulter ceux qui refusent de rentrer. C’est trop facile tout ça. Comment rentrer si l’accueil est sale et non heureux ? Comment ? Rien de chaleureux. On s’en fout de toi ! Abawe !
Tu peux bouffer ton Master…ou faire un défilé avec. Ou encore arrêter de faire la Miss intellectuelle. Ca n’intéresse personne. Mais tant que ceux qui défilent entre les couloirs des mystères y défilent…ils conseilleront les sinistres de vous éviter. Donc, vous êtes prévenus. Vous n’avez pas votre place ici. Parce que c’est la kakistocratie. Le pourboire des rats. Et ne me dites même pas d’entrer-prendre. Entrer où et prendre où ? Abawe ! Je n’entre et ni ne prends. Je reste où je suis…j’écris, je crie et j’emmerde.
Elhadj Ousmane BALDE
PAR CONAKRYLEMAG.COM
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