La hausse vertigineuse du prix des médicaments en cette période d’épidémie révèle le quotidien du consommateur guinéen. Le citoyen consommateur est confronté tout seul aux malignités de commerçants incrédules. L’Etat, au lieu d’intervenir pour protéger son citoyen, s’en remet à son modèle d’auto-régulation qui a fait son temps. Quant à la société civile, je m’interroge sur son mutisme face à cette question existentielle.
Ces organisations de défense des droits de l’homme qui subitement semblent avoir perdu leurs plumes et leurs langues, au moment même où le citoyen a le plus besoin d’eux. Moi je voudrais dire au commerçant guinéen qu’il est en train d’abuser de sa liberté commerciale. Et que justement, ce droit ne peut valoir prétexte pour faire de la délinquance commerciale au moment où notre pays est confronté à une crise sanitaire majeure.
Quant à l’Etat, le principe selon lequel la puissance publique ne devrait s’occuper que du régalien et laisser au marché le soin de s’auto-gérer, ne marche pas. En tout cas pour les pays comme les nôtres, le marché doit être régulé. Sinon c’est le citoyen qui en paie le prix fort. L’intervention du ministre du contrôle économique est nécessaire aujourd’hui, parce que nous sommes face à une entente illicite entre agents économiques qui, face à la hausse de la demande pour cause d’épidémies, ont décidé de tirer profit de l’infortune de leurs concitoyens.
L’Etat a donc le devoir aujourd’hui de produire des mesures protectionnistes (conjoncturelles au moins): homologation des prix, plafonnage des prix… jusqu’à la fin de la crise. Mais il a surtout le devoir de rappeler aux commerçants que la liberté commerciale a des limites. Et que leur volonté de profit est inopposable à l’intérêt général.
L’Etat doit intervenir pour protéger le consommateur et rétablir l’ordre public économique.
Kémoko Camara